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Arts
Aussi éclectique et pointu qu’un sommaire de Mouvement, KADIST.tv sélectionne des œuvres ultra compatibles avec les ambitions du magazine : déconstruire notre rapport fantasmé à la « nature », par exemple, ou aiguiser ses armes face à l’avènement de la post-vérité. Sur la plateforme, les films programmés sont autant d’instantanés d’un monde qui change, Mouvement vous en propose un condensé.
Scènes
En France, pour obtenir l'asile en raison de son orientation sexuelle, il faut réunir des preuves et constituer un dossier, qui sera passé au crible par l'administration. Violence d'État, aberrations juridiques, poids du silence et de la honte : dans cette dernière création, Nicolas Barry pénètre les couloirs de l'OFPRA pour mieux exposer ce processus d'aliénation.
Barrages, canaux, digues, centrales hydrauliques : nos rivières auraient-elles perdu leur singularité en devenant les bras d'un vaste fleuve globalisé ? Si l'on peut être tenté·es de répondre par l'affirmative, tant les cours d'eau semblent affectés par l'aménagement du territoire, la Kunsthalle de Mulhouse, le CRAC Alsace et le CEAAC font un pas de côté pour sonder la myriade de strates écologiques, historiques et spirituelles qui peuple le lit de nos rivières.
Au Palais de Tokyo, l’artiste vietnamienne Thao Nguyen Phan révèle les fantômes du passé colonial français en Asie du Sud-Est. Ou comment relire l’histoire avec les outils de la poésie.
Des beats qui égratignent, une danse qui expie. Pour leur première collaboration, la productrice congolaise Nkisi et le danseur sud-africain Tiran Wilemse électrisent l’espace et canalisent leurs émotions dans une forme ultra efficace. De quoi se nettoyer des angoisses du présent.
Avignon, Redwane Rajel connaissait déjà : pas pour le off, où il présente actuellement À l’ombre du réverbère, récit à la première personne mis en scène par Enzo Verdet, mais pour son Centre pénitentiaire, où il fut détenu un temps. Homme aux mille vies, il raconte sa résilience par le théâtre.
Si elle se pratique nu comme un verre avec des Nike blanches aux pieds, la danse de Wallace Ferreira et Davi Pontes n’en est pas moins une pratique d’auto-défense. Dans le troisième et dernier opus de leur cycle Repertório, le duo continue de représenter les expériences des corps queer et racisés et perfectionne sa méthode : une mise en scène d’une simplicité pure, un mouvement ultra sharp d’une rigueur infaillible.
Chez Nathalie Béasse, le décor est roi, et les comédien·nes des régisseur·euses chargé·es de le mettre en scène. Avec Velvet, la plasticienne et metteuse en scène livre une ode au rideau dans une pièce à l’esthétique léchée et l’humour décalé.
À l’Autre Scène de Vedène, Tiago Rodrigues projette La Distance entre un père et sa fille dans un futur interplanétaire. Un tour de manège théâtral qui prend par les sentiments.
Si le nom de Kwame Brathwaite est encore peu connu en France, ses images ont fait le tour du monde. On doit notamment au photographe américain la naissance d’un mouvement historique, Black is Beautiful, initiant dès les années 1960 la construction d’une identité afro-américaine émancipée des normes blanches. Accueillant la première rétrospective européenne consacrée à cet artiste disparu en 2023, le Centre de la Photographie de Mougins traverse soixante ans d’une œuvre documentaire colossale, plaçant la beauté afro au cœur de la lutte politique.
Oui, le « field-recording » – littéralement : « enregistrement de terrain » – est un art de niche. C’est aussi l’accès à une autre expérience de l’écoute, que revendique Félix Blume. Par les vibrations du corps, par le toucher, dans l’obscurité ou sur une départementale : tout fait son dans la seconde exposition de l’artiste sonore français au Lait (Laboratoire Artistique International du Tarn), sur invitation du GMEA d’Albi.
Photographie
On peut créditer l’artiste allemand, premier photographe à obtenir le prestigieux Turner Prize, d’avoir fait de la chambre noire un art plastique. Plastique comme l’émotion : Wolfgang Tillmans voit le reflet de son âme dans la vitre d’un photocopieur, le synthé itératif de New Order et la mécanique fragile d’un appareil numérique. L'artiste est l'invité du Centre Pompidou à l'occasion d'un solo show XXL. À l'occasion de son exposition au Wiels en 2020, Mouvement l'avait rencontré.
En 2013, Julien Gosselin adapte Michel Houellebecq sur scène : 4 heures. En 2016, Roberto Bolaño : 11 heures. En 2018, Don De Lillo : 10 heures. Le metteur en scène aime rester longtemps avec nous. Outre la durée de ses spectacles-marathons, sa démesure est devenue une marque sur la scène contemporaine : Gosselin, c’est un acting extrême, des plateaux chargés, un dispositif vidéo massif. Ce gigantisme formel creuse pourtant des zones secrètes : les pulsions violentes qui irriguent la société, nos passions coupables, nos contradictions, nos solitudes. Son dernier spectacle en date, Extinction, pousse le bouchon misanthrope encore plus loin.Cinq heures trente où se croisent clubbing immersif, nihilisme social et fin du monde, sur des textes de Thomas Bernhard et Arthur Schnitzler, en allemand et en français. Le fleuron de la Mitteleuropa des années 1910, parangon de l’excellence occidentale, s’y répand en excès jusqu’à l’autodestruction, et une jeune intellectuelle déverse sa haine de l’Allemagne post-nazie qui l’a enfantée. Une semaine avant la première du show, en juin 2023, Emmanuel Macron bredouillait une des inepties réactionnaires dont il a secret : selon lui, la société serait en voie de « décivilisation ». Et si, justement, trop de civilisation tuait la civilisation ?
Une chorale de chanteurs, les bouches écartelées par un appareillage de dentiste. Des pupitres qui servent tour à tour de pagaies, de pipeau ou de fusils d’assaut. Un cul qui se métamorphose en visage. Une cavalière-militaire enfermée dans une boîte de plexiglass. Marlene Monteiro Freitas n’est jamais avare en images. Le plus souvent, ses spectacles vous collent à la peau pendant quelques jours, parfois vous hantent pendant des années. Depuis son solo Guintche, qui déboule comme un ovni sur les scènes contemporaines en 2010, puis (M)imosa, interprétation frénétique du chanteur Prince qui lui ouvre les portes de la célébrité, la chorégraphe capverdienne impose une esthétique reconnaissable entre mille : grimaçante, salissante, à la fois grandiose et grotesque, toujours poussée vers les extrêmes. Alors que le Festival d’Automne à Paris propose de voir ou revoir une grande partie de son œuvre, il faut remonter le fil de sa vie, s’immerger dans le carnaval de sa ville natale, Mindelo, pour comprendre d’où cette intensité a bien pu germer.
LE RETOUR DE LA MAGIE EN AGRICULTURE
QUAND L'ARGENT ANTICAPITALISTE EMBRASE LE CLUB DE FOOT TUNISIEN
Société
Avant de rendre un verdict sur une proposition de loi qui vise à garantir aux artistes-auteur·ices une continuité de revenus, l’Assemblée nationale lance, à partir du jeudi 19 juin, une mission flash sur le sujet. Exclu·es du régime de l’intermittence, ces professionnel·les restent particulièrement exposé·es à la précarité. Iels demandent un salaire minimum, des congés payés et l’accès aux allocations chômage. Pour porter cette revendication, de nombreux travailleur·ses de l’art, soutenu·es par des associations et syndicats, signent une tribune.
Peut-on encore être insouciant en 2025 ? Dans une époque traversée par de grandes inquiétudes quant à l’avenir, le musée de l’Hospice Comtesse propose une exposition sur le thème de la fête : The Distorted Party, entre joie et angoisse, sur fond de bad trip.
Les catastrophes climatiques successives posent la question : peut-on réellement habiter une nature de facto indomptable ? Aux antipodes du white cube, l’exposition de Toma Dutter dans le cabinet d’arts graphiques du musée de Sérignan, imagine une cabane-paysage où s'effondrent les « évidences de la modernité ».
La fête n’est pas la même selon qu’on soit homme ou femme. Et c’est bien logique : les milieux festifs sont soumis aux mêmes discriminations que le reste de l’espace public. Un impensé social que l’artiste espagnole explore le long d’une expo monographique couvrant plus de deux décennies de travaux plastiques et performatifs.
IMMERSION DYSTOPIQUE EN CISJORDANIE OCCUPÉE
portfolio
Emmitouflés dans des tissus hétéroclites, ces anonymes sont les « travailleurs fantômes » qui hantent Dubaï.
Comment la danse savante occidentale représente-t-elle le non-humain ? La chercheuse Estelle Zhong Mengual et le pilier de la danse contemporaine française Jérôme Bel unissent leurs sciences dans un dispositif pédagogique. En joignant figures dansées et commentaire universitaire, ils entendent signer la fin d’un anthropocène des arts chorégraphiques.
Le martèlement est partout. Le battement d’un cœur, une main qui toque à la porte, une démarche martiale. Aina Alegre l’a mis au centre de sa danse, sublimé sous toutes ses formes. De sa pièce R-A-U-X-A à son projet de recherche Études ou sa nouvelle création Fugaces, rencontre avec la chorégraphe.
Mercedes Dassy a entamé la création de Spongebabe in LA alors qu’elle était enceinte, et l’a achevée à la sortie d’un post-partum carabiné. Empruntant le chemin de l’intime, la performeuse interroge le statut de mère-artiste dans un monde qui s'effondre.
Des kilomètres de tissus qui s’agitent sur de l’électro : le monumental, Miet Warlop sait faire. Avec Inhale Delirium Exhale, la plasticienne et metteuse en scène belge continue d’en mettre plein la vue, au risque de perdre son public.